Poésie

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En haut d'une rue 
lointaine
m'attendait
ce poème
sans visage,
adossé
au seuil de sa maison.

Que vas-tu faire de tes mains vides?
Et que pourrais-tu me donner?

Je n'avais rien,
fermais les yeux,
marchant encore
pieds nus,
sur la toile
d'une terre blonde et friable,
sur ses menus roulis,
le crissement,
de ses murmures
mêlés
au végétal,

un ciel pur
renversé
glissait
sur ma peau,
les ondes du fleuve,
grises,
majestueuses,
dilataient leur lenteur
dans un parfum de vase,
des corbeaux peuplaient le silence,
les feuilles chuchotaient
dans la petite folie du vent
qui roulait par moments sur l'argile.

Tournesols

Le jaune étincelant des tournesols,
- qui tirait ses yeux quand passait le train-,
ce jaune justement,
l'ample douleur sur sa rétine,
celui- là,
avec sa combustion infime,
brûlant de lenteur au soleil,
peigné au hasard des nuages,
labouré par le poids des ombres,
- brûlant à jamais son pollen
dans le flot moussant d'un coeur noir,
sans cesse déversé-,
ce jaune justement,
chargé de clarifier,
chargé de très hautes purifications,
révélées par un sourire rapide,
dans le secret d'une éclaircie,
la caresse 
d'un miel précieux,
déversé par à coups sur la terre, 
révélant les tiges fortes,
l'armée de tiges,
combattantes et droites,
portant haut, sans faillir,
l'impossible couleur,
stupéfiant son âme avide,
affamée,
aux aguets,
ne perdant surtout rien du réel,
du précieux réel de métal jaune,
- plus proche qu'un bouillonnant soleil-,
jaune appliqué 
sur les encres de sa vie,
-marges douteuses 
quelques lambeaux,
d'un paravent mélancolique-,
soignant ses plaies
d'un grand coup de pinceau,
l'étincelant pour toute réponse,
la lumière pour unique réponse
dans le flamboiement surpris du silence.  

Ainsi soit il

Ainsi soit-il
sur l'aile,
d'un papillon volage,
elles sont mille,
et si belles,
il va dans leur sillage
comme un vivant missel
ébouriffant ses pages,

grave encore,
il se pose,
tel
un accent
lointain,
sur la bouche des roses,

amoureux d'un pistil,
son éternel destin
d'herbes grises,
et d'aurores,
un battement
de cils
dans le pli des corolles,
une attente,
une fuite,
vers la hampe d'un i,
vers son l'île,
au sommet,
ses ailes,
immobiles
s'étirent doucement.

Palmier

Un palmier, 
et la brise, 
lui touffu, 
avec un pied de fruit, 
celui de l'ananas, 
balançant ses oreilles flexibles au vent, 
la façon de bouger,
individuelle, 
de ces grands pavillons, 
un troupeau d'éléphants agitant ses palmes, 
mouvement de pendule très faible du vent,
les branches des autres arbres sont immobiles, 
tout à l'heure, elles iront ensemble, 
frissonnantes, chahutées dans la même direction, 
alors que déjà, le palmier danse, 
agitant ses bras multiples, 
son projet est secret, 
on voit bien que ses poignets n'obéissent à rien, 
ne se consultent pas, 
le palmier danse, 
il ressent la brise, 
ne lui obéit pas, 
il la fête, 
il laisse l'obéissance aux autres, 
lui est un magicien, 
son urgence est le bleu, 
il a son rôle dans les grands tourments du crépuscule, 
dans le rouge surtout il excelle, 
et se surpasse dans les vertes zébrures, 
on le croit exotique, 
quand il est expressif, 
un acteur enfermé dans une carte postale. 
Mais qui le voit? 
Dans les ports,il garde la mer, 
il garde le silence, 
il est le cliquetis des mâts, 
même sans public, 
l'hiver, il danse.

TOI QUI DORMAIS

Toi qui dormais sur ma cambrure,
ô toi mon âme,
souviens toi,
nous marchions dans les rues de cette ville du sud,
tu t’étirais souveraine dans l’excès de mes talons
balançant avec moi l’équipage
des hanches et de la taille
et nous allions ensemble
dans l’ivresse du sel qui pendait des balcons.

La mer était là ,
dans les voiles du linge,
blanche et molle de nostalgie,
dans un rêve immobile
qui gonflait de rumeurs,
et puis elle s’enroulait aux épingles du ciel,
sur le grand horizon 
elle tordait ses clameurs
et sa colère humide nous poursuivait dans les ruelles.

Tu m’entraînais,
chevauchant ma vigueur,
mes jambes dures
dans leurs gousses de soie.
Tu étais la musique sortie des pierres,
les cris rauques des hommes et leurs murmures,
tu étais le tourment qui me faisait tenir si droite.

Comme en dansant,
j’allais vers des musiques incertaines,
n’accrochant rien,
prisonnière d’une main d’écume 
qui tirait mes cheveux,
d’un souffle qui savait mon nom.

La nuit posée,
si transparente,
les étoiles menues commençaientt à parler,
d’une impasse
un vieux mur,
du fond de ses ténèbres ardentes,
jeta sur nous un filet de piments,
le vert à l’orange attaché
capturant tout.
Le vent,
dans le silence,
dans les mailles luisantes
soulevait la couleur,
la beauté comestible
des flammes ruisselantes 
qui bougeaient sur ce mur
et nous faisait trembler.

A MES AMIS

C’est dans un rêve que je me tiens
vous le savez,
pliée en 4, 8, 16, 32
dans un mouchoir raidi de sel,
où trop de larmes auront séché
car j’ai trop fait l’illusionniste
pour les colombes et les lapins
les petits chiens
d’un pauvre cirque de campagne
quand s’échappaient de mon chapeau
élans sincères et sortilèges
jonques de feu sur l’océan
que je ne savais retenir.
A présent je suis immobile
méditant sur le mouvement
d’un grand nuage sur la lune
qui se répand dans mon jardin
et va humecter le silence.
Et qu’ai-je fait de tout ce temps?
Dans un rêve je me suis tenue
pliée en 4,8,16,32
sous un mouchoir
et sous les draps
nue sous la dalle
bientôt les ombres danseront
dans un théâtre d’abondance
et mes amis furent de ceux
qui se taisaient
pour écouter le bruissement
de mes syllabes sous
le vent.

LE CAFE BRULANT

Le café brûlant est un cercle
sur le cercle du guéridon
signe noir
dans la porcelaine
l’ amertume répond au soleil
la fin d’été dans les feuillages
balance ses embrasements
l’ombre est bouillante
bleue et lourde 
elle coule sur mes bras dorés
mais une feuille rousse et sèche
aux doigts serrés comme une main
saute du ciel en diagonale
et vient mourir tout contre moi.
Que pourrais-je espérer de mieux
que la surprise qui me frôle
le crissement 
de l’air qui rôde
et vient déposer son butin.?

CE GRIS

Ce gris qui emplit le ciel
ne connaît rien d’immobile,
secoué de vert,
frotté de vent
sa mélancolie se dilate
dans les assauts d’un faux printemps.
L’air est glacial,
un sourire jaune
glisse léger
sous la mitraille
du froid qui mord,
je ne dis rien
mais je l’ai vu,
toi aussi tu feins la colère
mon bel aimé.
A moi j’attire le silence
il est très lourd,
venu de cent morceaux du monde
il gonfle en moi
pareil à un fleuve de givre,
mes yeux sont blancs
dans mes cheveux
les doux pétales d’un verger
sentent la neige.
Où irons-nous?
Vers quelle étreinte ?
L’ amandier pousse entre nos bras.

--- 


SEULE

Sur un vaisseau de vent,
un vaisseau invisible,
j'avance,
je m’élance
vers des turbulences ignorées,
certains,
les plus fidèles,
m' inventent des contours que je n'ai plus,
un rêve les guide
qui les éloigne,
pourtant je leur fais signe,
mais ils ne me voient pas,
immobile et blanche,
ou palpitante dans l'obscur,
ou perchée en d'autres lieux,
ils me parlent, me parlent d'accidents ordinaires,
nous échangeons des mots usés,
de vieux draps,
nous échangeons des mouchoirs à moucher,
des mouchoirs à pleurer,
de faux mouchoirs d'illusionniste,
nous le savons, nulle colombe
n'en sortira,
pas même un moineau étourdi,
leur présence nourrit mon silence
mais ils semblent si sûrs de me connaître
et me remercient d'un je- ne-sais-quoi,
cherchant ce qui s'envole,
le battement d'ailes,
oui, ce qui s'échappe,
ce qui m'échappe,
l'air froissé,
comme il vibre,
il s'ouvre brusquement,
c'est une ombrelle qui claque.
C'est une douleur jaune qui marche au soleil
et protège le teint d'un insensé.

LE VENT

Un jour où je marchai seule,
un jour sur une route,
un jour n’espérant rien,
ni de l’amant,
ni de l’ami
aux yeux absents,
aux yeux ternis
qui n’avaient pas su voir
l’édifice penché de mon corps,
je rencontrai le vent,
mon meilleur adversaire.
Il vint à moi par plaques nerveuses
déplaçant la lumière
de ses bonds,
l’écoulant
en spirale,
la dérangeant,
frottant le gris 
lavant le ciel
de ses excès,
alors,
il me toucha d’un lambeau suspendu,
d’un souffle froid de graminées,
et il lécha mes plaies
de sa langue rugueuse,
avec application,
avec l’amour entier d’un animal
pour son maître,
mais il y mit du sel,
ingrédient nécessaire,
avant de mordre,
mordre,
de toute la froidure de ses gencives,
jusqu’à l’insupportable
excès
de mes paupières closes
de peur que ne s’échappe,
l’aveu de mon silence
comme un cri.
Alors, moi aussi je me mis à courir,
nous courions tous les deux,
moi comme une tempête, une furie, une enragée,
lui surpris, seulement cruel,
irrégulier,
frottant savamment mes oreilles
de ses malédictions bénignes,
de ses imprécations de vagues,
j’entendais par moment les dunes gémir
et des pans de falaise plier.
Le vent m’aime, le vent m’aime, pensais-je alors,
tandis qu’il tordait mes cheveux comme des serpents,
je laissais mes cheveux aller.
Mes cheveux sont libres d’aller avec le vent,
Mais ils doivent me suivre tandis qu’à grandes enjambées je rejoins mon logis,
tandis que je cours, tandis que je déraisonne cherchant l’abri,
la chaleur, la porte qui se ferme.
Au vent je suis infidèle, mais le vent m’est toujours fidèle.
Il veut m’atteindre, il veut mes larmes,
Il me pousse, me pousse, il me connaît,
Il sait qu’en dessous je suis meilleure,
Il doit cogner que la plaie s’ouvre,
Il doit frotter comme un archet,
que la musique soit, dit ce musicien..
Alors il cherche à m’attraper,
ma chair résiste, il veut plus haut,
Il attend.
il attend dans la cheminée.

LE GIVRE

Le givre ce matin 
comme un hôte inconnu, 
le soleil en retrait 
qui frappe d’élégance cette terre rouge,
violente, 
aux plantes rabougries
brûlées de parfums âcres, 
s’élevant à peine sous le galop du vent, 
le vent qui couche les garrigues, 
se cogne aux citadelles 
et balaye le ciel même de son impatience.
Mais l’amandier s’accroche et fleurit aux bourrasques, 
le chêne s’enracine et le cyprès s’étire,
toujours plus fin, 
sa gravité s’imprime dans le creux des chemins. 
Tout cela est saisi et fixé par le gel. 
Au carreau,
suspendue,
je m’oublie; 
tout cela reviendra, je le sais, 
le soleil reviendra avec la vie grouillante, 
oui, bientôt, les couleurs,
le geste des couleurs
Mais ici,
un instant, j’aurais vu , 
le gel et sa capture, 
l’illusion attrapée aux cheveux, 
retenue,
la terre enfin,
secrète,
libérée,
sans les métamorphoses,
la terre,
plus loin que la beauté.

LE CIEL M’EVITE

Parfois l’ombre se couche
l’ombre servile
partout s’incline
tout glisse
le ciel m’évite qui précipite
les murailles
les masses sombres
tiennent mes yeux.
Qui suis-je alors?
Indistincte
je poursuis mes contours.
Quelque chose se fond  avec les briques sourdes
et s’abandonne
dans le limon jamais pensé.
Avec les taloches du vent
et les grands coups de son épaule
je me noie et je me retrouve
il y a la houle
les apparences
tous les dangers
les récifs
îles trompeuses
rayent ma peau
un point de rigueur
un diamant
hérissé comme une douleur
ma boussole mélancolique
me sauve à temps.

- - -

SOLSTICE

Sans attendre le solstice
remuait
la ronde des vents
et au dehors
marchaient des visages
tendus vers leur profondeur
la ligne s’ouvrait
et se refermait
éparse et multiple
elle se reformait
sans rien attendre
de la couleur
ni du brillant
des particules
du tourbillon
cherchant à se poser
sans fin entraîné
le mouvement
sans explication
côtoyant
l’amer
les clous tendus
des funambules
pour seule réponse
la tension
d’une ligne dépassée
et qu’importe la durée
de la marche
s’il fallait voler
et s’élever
immobile
vers
le point brillant
d’une étoile.

– – –

VELOURS FROID

un velours froid

sur ses phalanges
trouble ses mots


à son regard
le vert répond
la tige
oscille
presque imobile
sous ses paupières

il faut la pluie
sourde
menue
pour le toucher
tirer le drap de la douleur
il est si lourd

comme une économie de larmes
mouille sa nuque
bénit ses joues

soleil humide
d'un temps maussade
une joie file
vers son front nu

- - -

La pluie

Sur l'auto immobile,

des traînées de nuages,

glissent,

le soleil

sous la peine

s'éparpille et revient,

il perd son or amer

dans le froid de la nuit,

pourtant,

dans l'air,

s'arrête,

le goût des fleurs,

on attend la pluie.

- - -

AINSI VONT LES FEMMES

Ainsi vont les femmes,
leur balancement
dans l’air trop chaud,
quand se lèvent les verres,
qu’ils s’entrechoquent,
avec cette insouciance,
et la brûlure singulière
de l’infime,
quand tout repose
dans l’air froissé,
sur le galop
d’un vieux moment,

le pas léger
les ombres glissent
sillage clair
du cœur qui cogne,

c'est une plainte,
versée si bas,
si doucement,
jetée si loin dans la fosse des jours,
et tout s'efface,
même si demeure la pointe vive,
et cette injure à l’édifice
d'une beauté qui appareille,
d'une nerveuse caravelle,

les grappes chaudes de la chair,
tombent si juste,
comme un accord,
qui va cesser,
et dure encore,
même si demeure la pointe vive,
l'épingle nue
d’un fin soupir
au creux du soir.

- - -

SUR CE COTE DU CIEL

Sur ce côté du ciel
les rouleaux d’une mer inversée me cherchent
j’entends mes pas posés
sur le bruit de la ville
quelqu’un me suit
depuis les ombres grises
honteuses
fuyant du bec usé
des heures
jusqu’à l’éclat des lumières légitimes
sûres d’elles mêmes
qui tombent en couches fines
sur les toits et les gens,
de la vertu
il ne reste que des lueurs
mes yeux levés
suivent la ligne de ton absence
digue qui cède
et s’étire en flocons.
Des traces se perdent au lointain
je mange seule mon pain céleste
à ma table nul convive déclaré
mais des milliers de solitaires
invisibles sous leurs pensées
sont attendus à ce banquet,
je donnerais cher aujourd’hui
pour croiser l’un de ces regards.
A cet instant que voyez-vous ?
Cette paupière
aussi énorme qu’une bouche
la voyez-vous ?
Et ce cortège fait d’entrailles
saignant la nuit avant l’obscur
le voyez-vous ?
Et la légère caravelle
celle qui file
sous le vent
pour cet amour
sur une cime 
soulevant
le vent. 

Le corbeau

Ouvrant ses doigts,
la rue fila vers un jardin,
où chantaient 4 cerisiers,
grands et unis comme des frères.

Leur chanson rose
faisait mal,
tournant sur elle dans l’enclos,
au sol, elle jetait des pétales.

Et le corbeau fixait la femme,
lui aussi, posé sur un banc,
quelques uns voulaient le chasser,
si noir, si noir,
en proférant des anathèmes,
Il criait trop.

Leurs yeux se pressaient vers l’idylle,
la fraîche livrée du printemps,
cerisiers roses aux doux pétales;
lui criait trop,
immobile et plein d’arrogance,
il ne voulait pas s’envoler,

il brillait trop,
si noir, si noir,
et ressemblait à un diamant
à un soleil,
si noir, si noir,

et le corbeau,
fixait la femme,
comme lui, posée sur un banc.
Deux fleurs de laurier-rose

tombent ensemble,

comme un papillon disjoint,

sur l'eau tranquille d'un silence,

et font des vagues,

elle rêve alors,

que ses baisers,

doux pétales,

feront de même

sur le corps de son Bien-Aimé.
Seule,
sur un vaisseau de vent,
un vaisseau invisible,
j'avance,
affrontant des turbulences ignorées,
certains,
les plus fidèles, 
m' inventent des contours que je n'ai plus,
un rêve les guide,
qui les éloigne,

je leur fais signe,
... ne me voient pas,
immobile et blanche,
ou palpitante dans l'obscur,
ou perchée en d'autres lieux,
ils me parlent, me parlent d'accidents ordinaires,
nous échangeons des mots usés,
de vieux draps,
nous échangeons des mouchoirs à moucher,
des mouchoirs à pleurer,
de faux mouchoirs d'illusionniste,
nous le savons nulle colombe
n'en sortira,
pas même un moineau étourdi,
leur présence nourrit le silence,  
...semblent si sûrs de me connaître,
...merci pour un je- ne-sais-quoi,
cherchent ce qui s'envole,
le battement d'ailes,
oui, ce qui s'échappe,
ce qui m'échappe,
l'air froissé,
comme il vibre, 
il s'ouvre brusquement,
c'est une ombrelle qui claque.
C'est une douleur jaune qui marche au soleil
et protège le teint d'un insensé.

L’hiver

Un champ,

l'hiver,

le froid si bleu,

de grands oiseaux

sont plantés là,

sortes de quilles

en gris et noir ,

mais l'un s'envole,

les autres suivent,

et leur bruit d'ailes,

avec éclat,

est le signal d'un jour possible.

— — — 

Azur

C'est un azur changeant,
ô ma mémoire,
le bleu entre les palmes,
les palmes extasiées de chaleur,
où là-bas,
sur la route,
qui tremble d'illusion,
la poussière éternelle voyage


— — —


L'oubli des mots.
Un trait vert
organique
sommeille sous la porte 
qu'on ne poussera pas.

La flèche d'une voix,
sa précieuse durée
étonne le silence.
Dans le suint de sa laine 
la parole s'avance

Tout est vivant,
dit la pierre emplumée,
qui tombe,
abrupte,
et s'élève à nouveau.


— — — 
Entre ses doigts

la lune pâle

et sa cambrure devinée,

ce silence est une blancheur

par où s'impriment les images,

des pas d'oiseaux

vives entailles

tracent un chemin

à son cœur lourd


la clarté déchire

ses voiles

des noces gonflent

dans l'obscur